Thiéré de la Tamkharite : un plat de tradition et de spiritualité au cœur des foyers sénégalais
Au Sénégal, le thiéré – ou tyere, terme dérivé du mot wolof cere – occupe une place symbolique forte lors de la célébration de la Tamkharite, qui correspond au jour d’Achoura dans le calendrier musulman. Ce couscous de mil, simple en apparence mais riche de sens, est préparé dans les familles, particulièrement au sein des communautés wolof, peulh et sérère, pour marquer cette nuit sainte.
La confection du thiéré varie selon les régions et les lignées, mais il est souvent accompagné de sauces à base de viande ou de poisson, de haricots, de légumes ou de pâte d’arachide. Pour certains, il est agrémenté de lait caillé ou de sucre, tandis que d’autres privilégient une version plus salée. Au-delà de sa dimension culinaire, le thiéré de la Tamkharite revêt une fonction sociale et religieuse : il symbolise la solidarité, le partage et la mémoire des valeurs transmises par les anciens.
La tradition veut que les enfants, parfois déguisés ou en habits neufs, aillent de maison en maison pour réclamer leur part de “thiéré”, dans une ambiance festive rappelant certaines pratiques de l’Achoura dans d’autres cultures. Bien que le Sénégal soit officiellement un État laïque, cette coutume s’inscrit dans un syncrétisme religieux profond, mêlant islam, rites locaux et liens intergénérationnels. En ces temps de bouleversements sociaux, le thiéré reste ainsi un repère d’identité et un acte de communion nationale.
