Santé des personnes âgées : Un enjeu oublié des politiques africaines

En Afrique, le vieillissement démographique s’installe progressivement, mais les politiques publiques peinent à suivre cette mutation silencieuse. Alors que les aînés représentent une part croissante de la population, leur prise en charge sanitaire reste largement négligée dans les stratégies nationales. Dans de nombreux pays, les infrastructures médicales ne sont ni adaptées ni préparées à répondre aux besoins spécifiques liés à la gériatrie, souvent absente des priorités budgétaires.
Cette situation conduit à une dépendance quasi exclusive envers les familles, déjà fragilisées par d’autres pressions sociales et économiques. Loin des dispositifs d’assurance ou des maisons de retraite existant ailleurs, les personnes âgées africaines comptent sur la solidarité intergénérationnelle. Cependant, face à l’urbanisation croissante et à l’éclatement des familles, cette solution atteint ses limites, exposant de nombreux seniors à la précarité, à l’isolement et à des soins inadéquats.
Certains observateurs estiment que l’absence de débat public sur la question traduit un déni structurel. Faute de statistiques précises ou de représentations politiques fortes des aînés, leur santé devient une zone grise des politiques de développement. Pourtant, l’espérance de vie s’allonge et les pathologies chroniques comme l’hypertension, le diabète ou la démence deviennent de plus en plus fréquentes.
Dans un continent tourné vers sa jeunesse, repenser la place des anciens pourrait être un levier de stabilité sociale. Il serait judicieux pour les gouvernements d’anticiper ce virage démographique, en intégrant des plans de santé pour les personnes âgées, en formant du personnel spécialisé et en soutenant les aidants familiaux. À défaut, l’Afrique risque de faire face à une crise silencieuse mais lourde de conséquences humaines et sociales.