Chirurgies cardiaques en Afrique de l’Ouest et au Maghreb : une avancée spectaculaire, mais pour qui ?

Depuis quelques années, des établissements hospitaliers comme l’Hôpital Principal de Dakar ou l’Hôpital militaire d’instruction Mohammed V de Rabat auraient franchi un cap inédit en réalisant des interventions à cœur ouvert. Si ces prouesses médicales marquent une progression indéniable dans le domaine de la santé en Afrique francophone, elles semblent encore réservées à une frange privilégiée de la population. Ces opérations complexes exigent des équipements sophistiqués et un personnel hautement formé, encore trop peu nombreux dans la région.
Toutefois, ces percées technologiques soulèvent des questions sur les disparités dans l’accès aux soins. Il semble que les habitants des grandes capitales soient les premiers bénéficiaires, tandis que les zones périphériques ou rurales restent peu desservies. L’expertise nécessaire pour mener ces actes chirurgicaux demeure encore concentrée dans quelques centres urbains, renforçant une forme de médecine à deux vitesses. Selon certaines sources hospitalières, le coût élevé de ces interventions pourrait également freiner leur démocratisation.
En parallèle, plusieurs analystes estiment que ces succès médicaux reposent en grande partie sur l’appui de partenaires internationaux, notamment dans le cadre de programmes de coopération sanitaire. Sans investissements nationaux durables, cette dynamique pourrait s’essouffler. On peut donc s’interroger sur la capacité des États concernés à pérenniser ces services sans soutien extérieur, notamment dans un contexte économique parfois contraint.
Enfin, même si ces initiatives sont saluées pour leur ambition, elles gagneraient à s’accompagner d’une stratégie plus globale, intégrant la prévention, le dépistage précoce et la formation locale. Car pour que cette révolution soit complète, elle devra toucher toutes les couches de la population et non seulement quelques privilégiés. Une exigence de justice sanitaire que beaucoup de citoyens commencent à formuler de manière plus insistante.