Procès Lafarge à Paris : l’entreprise jugée pour des paiements présumés à des groupes jihadistes en Syrie - Actualités au Sénégal : Actualités, Politique, Sport, - SENEGAL24NEWS
5 novembre 2025

Procès Lafarge à Paris : l’entreprise jugée pour des paiements présumés à des groupes jihadistes en Syrie

Le groupe Lafarge et plusieurs anciens dirigeants se retrouvent devant la justice française à partir de ce mardi, dans une affaire qui secoue l’industrie et interroge la responsabilité des entreprises en zone de conflit. Ils sont soupçonnés d’avoir versé de l’argent à différents groupes armés en Syrie, dont l’organisation État islamique, afin de maintenir en activité une cimenterie locale entre 2012 et 2014. Ces faits, longtemps contestés, constituent le cœur d’un dossier devenu l’un des plus sensibles en matière de financement présumé du terrorisme par une multinationale.

Selon les éléments de l’enquête, Lafarge aurait conclu des arrangements financiers visant à assurer la circulation du personnel et des marchandises dans une région plongée dans la guerre civile. Les magistrats estiment que ces versements auraient indirectement soutenu plusieurs factions jihadistes dominantes à l’époque, en échange d’une forme de protection et de liberté d’exploitation. Les avocats de la défense plaident de leur côté la nécessité d’assurer la continuité industrielle dans un contexte extrême, évoquant des décisions prises dans l’urgence et sous pression.

Ce procès, très attendu, soulève de nombreuses interrogations sur le rôle des entreprises opérant dans des pays en crise. Il met également en lumière la difficulté de concilier impératifs économiques, sécurité du personnel et respect strict du droit international. Pour les associations de défense des droits humains, cette audience constitue une étape majeure pour déterminer si une société peut être tenue pénalement responsable pour avoir facilité la présence de groupes terroristes, même involontairement. Elles espèrent que la justice établira des règles plus claires concernant les actions de multinationales dans des zones contrôlées par des organisations armées.

L’audience devrait durer plusieurs semaines et être suivie de près au niveau international, tant par les gouvernements que par les ONG. Les enjeux dépassent largement le cas Lafarge : ce procès pourrait créer un précédent sur la manière dont la justice traite les entreprises confrontées à des environnements de guerre. Le jugement final, très attendu, dira si les faits reprochés constituent un acte délibéré de soutien indirect au terrorisme ou une dérive liée aux pressions d’un contexte chaotique.