Espagne : cap sur l’autonomie aérienne, adieu aux F-35 américains

Le 6 août 2025, le gouvernement espagnol a mis fin à toute perspective d’acquérir les avions de chasse F-35 fabriqués par les États-Unis, malgré une enveloppe de 6,25 milliards d’euros inscrite dans le budget de la Défense 2023. Cette décision ferme, annoncée publiquement, marque un tournant stratégique et prive Washington d’un marché clé en Europe du Sud.

Ce choix s’inscrit dans une volonté affirmée de renforcer l’industrie militaire européenne et de préserver l’indépendance technologique du pays. Madrid prévoit que la quasi-totalité des nouvelles dépenses en matière d’armement sera désormais orientée vers des constructeurs européens, privilégiant ainsi les programmes déjà engagés sur le continent. Ce positionnement reflète une approche de défense davantage centrée sur la coopération intra-européenne que sur les partenariats transatlantiques.

Pour remplacer les appareils vieillissants, les autorités espagnoles misent sur deux solutions : à court et moyen terme, renforcer leur flotte avec des Eurofighter Typhoon, et à long terme, participer activement au développement du FCAS (Future Combat Air System), un avion de combat de sixième génération conçu conjointement avec la France et l’Allemagne et dont l’entrée en service est envisagée autour de 2040. Ce choix technologique permet aussi de maintenir un savoir-faire stratégique au sein de l’Europe.

En revanche, cette réorientation laisse un vide opérationnel pour la marine espagnole. Les avions Harrier AV-8B, capables de décollage vertical, arriveront en fin de carrière d’ici 2030 et aucun appareil de ce type n’est prévu pour les remplacer à court terme. Le porte-aéronefs Juan Carlos I devra donc se limiter à des hélicoptères jusqu’à la construction éventuelle d’un futur bâtiment doté de catapultes, un projet qui ne devrait pas voir le jour avant la prochaine décennie.