Afrique : l’armée américaine change de ton face aux insurrections

Lors de l’exercice militaire African Lion, tenu récemment sur le continent africain, les autorités militaires américaines ont affiché un changement stratégique majeur dans leur communication. Fini les discours insistants sur la « bonne gouvernance » ou la « lutte contre les causes profondes de l’insécurité » : l’heure est à l’autonomisation des armées locales, face à la montée des menaces régionales.
Le général Michael Langley, à la tête du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), a résumé ce virage en déclarant à l’Associated Press : « Nous devons être en mesure d’amener nos partenaires au niveau des opérations indépendantes. » Autrement dit, Washington entend désormais partager davantage le fardeau sécuritaire, quitte à réduire son rôle opérationnel direct sur le terrain.
Ce repositionnement survient dans un contexte tendu : le recul de l’influence occidentale en Afrique de l’Ouest, la percée d’acteurs comme la Russie ou la Chine, mais aussi les critiques croissantes contre l’inefficacité des politiques contre-insurrectionnelles menées depuis plus d’une décennie dans des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso.
Certains analystes estiment que cette nouvelle posture pourrait pousser les pays africains à miser davantage sur leurs propres capacités de défense. Mais d’autres craignent que cette « responsabilisation accélérée » serve surtout à justifier un désengagement progressif des États-Unis face à des crises de plus en plus complexes.