Rubaya : au cœur du conflit minier dans l’Est de la RDC

Situé dans les collines verdoyantes du territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, le site minier artisanal de Rubaya est devenu un épicentre stratégique pour l’extraction de minéraux essentiels tels que le coltan, la cassitérite et le manganèse, utilisés dans la fabrication de téléphones, de batteries et d’autres technologies modernes. Des milliers de travailleurs y extraient ces ressources à la main, dans des conditions souvent précaires. Cependant, cette richesse minérale a attiré l’attention de groupes armés, notamment le M23, qui a pris le contrôle de Rubaya en avril 2024. Depuis, l’exploitation des mines s’est intensifiée, avec des équipes travaillant jour et nuit, impliquant même des femmes et des enfants dans des conditions précaires. Le coltan extrait est souvent acheminé vers le Rwanda, où il est intégré dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, malgré les sanctions occidentales visant à empêcher le commerce de minéraux de conflit.

Le contrôle de Rubaya par le M23 a renforcé leur influence dans la région, leur permettant de financer leurs opérations militaires grâce aux revenus générés par l’exploitation minière. Selon un rapport des Nations Unies, le M23 génère environ 300 000 dollars par mois grâce à la taxation de la production de coltan dans les territoires de Masisi et Rutshuru.  Cette situation a exacerbé les tensions avec d’autres groupes armés et milices locales, notamment l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui revendique également le contrôle de certaines zones minières. 

La présence de plus de 100 groupes armés dans l’Est de la RDC, dont la plupart se disputent le contrôle des ressources minières, a plongé la région dans une crise humanitaire majeure. Les combats ont entraîné le déplacement de près de deux millions de personnes, et les violations des droits de l’homme, telles que les violences sexuelles et les exécutions sommaires, sont monnaie courante.  Les efforts internationaux pour résoudre le conflit et réguler l’exploitation minière restent insuffisants, laissant les communautés locales dans une situation précaire.

Face à cette situation, le gouvernement congolais a tenté de reprendre le contrôle de certaines zones minières en lançant des offensives militaires contre le M23 et en suspendant les activités minières dans plusieurs sites classés comme “zones rouges”.  Cependant, ces mesures n’ont pas encore permis de stabiliser la région ni de mettre fin à l’exploitation illégale des ressources. La communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts pour mettre fin à l’exploitation illégale des ressources, protéger les droits des travailleurs et instaurer une paix durable dans la région.