Kenya : l’essor stratégique de l’élevage de dromadaires face à la sécheresse dans le Nord Samburu
Dans le nord du Kenya, les sécheresses répétées ont profondément bouleversé le mode de vie des communautés pastorales Samburu. Longtemps dépendants des troupeaux de bovins, ces éleveurs voient leur patrimoine animalier s’effondrer sous l’effet de la hausse des températures et de la raréfaction des pâturages. Face à cette crise prolongée, une transition majeure s’opère : l’adoption progressive mais déterminée de l’élevage de dromadaires, mieux armés pour survivre dans un environnement devenu hostile. Selon plusieurs acteurs locaux, ce changement s’impose désormais comme une nécessité vitale plutôt qu’un simple choix économique.
Les dromadaires, parfaitement adaptés aux climats arides, offrent un rendement laitier nettement supérieur à celui du cheptel bovin traditionnel. Certains experts estiment qu’un dromadaire peut produire jusqu’à six fois plus de lait qu’une vache locale, même en période de pénurie hydrique. Cette ressource précieuse assure non seulement un apport alimentaire stable aux familles, mais constitue également une nouvelle opportunité commerciale pour les marchés régionaux. Le lait de chamelle, réputé plus nutritif et apprécié dans certaines zones urbaines, pourrait ouvrir de nouvelles voies de revenus pour les éleveurs frappés par la crise climatique.
L’évolution vers cette filière s’accompagne toutefois de défis d’adaptation. Les Samburu, culturellement attachés au bovin, doivent réinventer leurs pratiques pastorales, modifier leur organisation quotidienne et intégrer de nouvelles connaissances vétérinaires. Certains spécialistes laissent entendre que des programmes d’accompagnement communautaire deviennent indispensables pour assurer une transition harmonieuse. Les autorités locales et diverses ONG auraient intensifié les formations, sensibilisant les éleveurs à la gestion sanitaire, à l’alimentation du dromadaire et aux techniques de reproduction.
Si cette mutation du paysage pastoral semble désormais irréversible, elle révèle surtout la résilience d’un peuple confronté aux bouleversements climatiques. Le dromadaire, jadis marginal au sein des troupeaux, s’impose comme un symbole d’adaptation et de survie. Dans cette région où les sécheresses pourraient encore s’aggraver selon des projections climatiques prudentes, le choix de l’élevage camelin apparaît comme l’un des rares leviers permettant de préserver un mode de vie ancestral, tout en bâtissant de nouvelles perspectives économiques pour les générations futures.
